October 28, 2016
por Grégoire Lalieu / Mohamed Hassan
« Si vous parlez de démocratie, ils vous tuent. Si je retourne en Éthiopie, peut-être qu’ils vont me tuer, ou me mettre en prison. » Après avoir décroché la médaille d’argent au marathon des Jeux olympiques de Rio, Feyisa Lilesa a braqué les projecteurs sur l’Éthiopie. Il aura fallu que ce coureur franchisse la ligne d’arrivée en croisant les bras au-dessus de la tête pour que les médias s’intéressent un peu aux manifestations sévèrement réprimées qui font trembler le régime depuis plus d’un an. Comment l’Éthiopie a-t-elle sombré dans une nouvelle dictature après s’être délivrée de Sélassié et de Mengistu ? La famine sévit toujours ; la faute aux phénomènes climatiques ou au programme de location des terres qui brade les richesses du pays aux multinationales de l’agrobusiness ? Meles Zenawi était-il vraiment un dirigeant africain admirable qui s’est battu pour « sortir des millions d’Éthiopiens de la pauvreté grâce à son action en faveur de la sécurité alimentaire », comme l’a déclaré Obama ? Pourquoi un milliardaire saoudien, originaire d’Éthiopie, a-t-il versé un chèque de deux millions de dollars à la Fondation Clinton ? Dans cette dernière partie de notre entretien, Mohamed Hassan dévoile les enjeux d’une crise qui pourrait radicalement changer le visage de l’Éthiopie. Il en appelle à l’union des forces progressistes éthiopiennes pour sauver le pays de l’implosion.